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A la libération du pays, il faut tout d'abord remettre en état de marche toutes les concessions gazières où cela est possible, sans investir outre mesure, car les sociétés concessionnaires savent qu'elles n'échapperont pas à la nationalisation inscrite dans le programme du Conseil National de la Résistance. Celle-ci intervient le 8 avril 1946 et concerne le gaz et l'électricité dont les anciennes sociétés à capitaux exclusivement privés sont intégrées dans un Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) : Gaz de France pour le gaz ; Electricité de France pour l'électricité. L'unité de direction ainsi constituée permet de rationaliser la reprise des concessions. Si une nouvelle usine est nécessaire, elle ne distillera plus du charbon, mais des huiles de pétrole ou bien fournira de l'air propané, directement substituable au gaz traditionnel, parfois même c'est du propane pur, qui sera distribué moyennant les adaptations nécessaires des réseaux et des appareils des abonnés. 


 

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Le sujet n'apparaît vraiment dans l'écrit – journaux, documents administratifs...- qu'avec la guerre de 1914-1918. Auparavant, les guerres de la Prusse successivement avec le Danemark, l'Autriche, la France en 1970-1971 ne donnent pas lieu à des commentaires particuliers concernant l'industrie gazière, même si, à l'égal d'autres domaines, elle subit çà et là quelques dommages. Seule illustration gazière de cette époque : le départ avec succès de Paris, assiégé par les Prussiens, en ballon gonflé au gaz d'éclairage, de Léon Gambetta le 7 octobre 1870 à destination de Tours pour réorganiser la défense nationale.


 

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Faire connaître le gaz, son utilité et ses possibilités, faire connaître sa Société et illustrer ses qualités par tous moyens disponibles figuraient parmi les préoccupations essentielles des entreprises gazières dès les débuts de cette industrie.

Il s'agissait d'abord, dans les premiers temps, de conquérir d'une manière ou d'une autre les clients les plus intéressants, publics et privés, et du même coup de bien se placer auprès des municipalités pour obtenir le(s) contrat(s) de l'éclairage public, gage d'une implantation durable.


 

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Le domaine essentiel d'affrontement de l'électricité et du gaz d'éclairage a justement été dans un premier temps l'éclairage et d'abord l'éclairage privé, qu'il s'agisse de locaux d'habitation ou professionnels. L'électricité y a pénétré progressivement, mais résolument. Il n'était pas rare de rencontrer dès 1900 dans les habitations bourgeoises un éclairage de base au gaz et un éclairage électrique décoratif, utilisé uniquement les jours de fête ou de réception, en raison de son prix nettement plus élevé. Malgré cela, dès 1910 les installations nouvelles ou rénovées adoptent très majoritairement l'électricité.

Pour l'éclairage public, le combat a été plus long, le gaz faisant preuve d'une remarquable résistance et demeurant prépondérant jusque vers 1925. Les gaziers, conscients du poids de ce domaine dans leur activité et leurs résultats, actionnèrent tous les leviers à leur disposition :

 

 

 

 


 

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 Il s'agit bien sûr de l'électricité.

 Son irruption dans les domaines couverts par le gaz depuis plus d'un demi-siècle apparaît certaine dès la fin des années 1870. En effet, l'essai d'éclairage public électrique par arc (bougies Jablochkoff) effectué avenue de l'Opéra à Paris en 1878 et la réalisation la même année de la première lampe électrique à incandescence par Thomas Edison ne laissent aucun doute à ce sujet.

 

GAZ DE PARIS 3

 

Le traité de concession du 19 juillet 1855 de la Ville de Paris à la Compagnie Parisienne d'Eclairage et de Chauffage par le Gaz verra ses dispositions varier peu durant les 50 années de son application. Il s'agit là d'une sorte de miracle, tant les récriminations de la Ville et de la presse furent fréquentes et dures, avec procédures à l'appui.

 Ce traité de concession comportait trois clauses essentielles :
  • La Ville devient propriétaire des canalisations, sans aucune indemnité, à la fin de la concession ;
  • Elle est intéressée aux bénéfices ;
  • «les progrès de la science» doivent systématiquement être intégrés à sa pratique par le concessionnaire, pour tendre à la meilleure performance économique et aux prix de vente les plus bas.

 

 

 


 

 

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Dans les années 1830-1840 les villes de France les plus importantes sont desservies en gaz et le gros de l'extension aux villes et localités plus modestes durera encore une bonne trentaine d'années. Les concessions initiales sont le plus souvent accordées à de petits entrepreneurs locaux, voire à des personnages capables de mobiliser les capitaux nécessaires à l'édification de l'usine initiale et des réseaux indispensables. Cependant, les dépenses à consentir dès l'abord sont considérables et, souvent, les revenus espérés tardent à venir, obligeant les premiers concessionnaires à se regrouper ou à vendre. Ceci contribuera à la constitution de groupes industriels côtés en bourse, dont une petite dizaine particulièrement attractifs.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Après le temps des pionniers, dont nous avons parlé précédemment, qui se caractérise dans toutes les disciplines par l'exploration du champ des aventures possibles et les excès consécutifs, vient nécessairement celui de la mise en ordre.

Ce fut le cas par la publication de deux textes remarquables, à savoir :

 

  • l'arrêté préfectoral du 30 septembre 1822 traitant de la délimitation des zones de chaque compagnie à Paris ;

  • l'ordonnance royale du 20 août 1824 et le règlement annexé, d'application générale en France, traitant de l'ensemble des questions importantes posées par le développement de l'industrie du gaz en France. 

 Dorénavant chacun sait où il habite. Finis donc les «  écarts de conduites » chez le voisin.

Toutes les entreprises productrices et distributrices de gaz savent ce qu'elles peuvent légalement faire et, dans une large mesure, comment. Elles savent aussi ce qu'elles sont tenues de faire :

  • alimenter les clients dans les meilleurs délais compatibles avec le déploiement des réseaux, le cas échéant en anticipant avec du « gaz porté » ;

  •  mettre en place l'éclairage public des rues selon les plannings fixés par les autorités municipales ;

  • ne pas déroger au règlement de 1824 dont la bonne application est l'objet de contrôles de plus en plus attentifs de ces mêmes autorités.

 


 

 

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Il s'agissait alors d'une activité naissante qui a l'ambition de donner enfin l'éclairage au monde, si ce n'est la lumière .

Ses manifestations sont, sans précédent, connues du public et des autorités, avec des impacts à la fois publics et privés, nécessitant des investissements très importants à l'aune de cette époque et engageant le domaine public .
 
Quel terrain d'aventure pour des candidats résolus ! Bien entendu, un certain nombre s'y engagent, entrant vite en collision avec les voisins. L'enjeu c'est le client intéressant - salles de spectacle, galeries, grands magasins et cafés, bâtiments publics - pour lequel les compétiteurs sont prêts à bien des exploits et même des folies. La rue comporte déjà une canalisation de mon voisin concurrent, eh bien, je vais tout de même y poser la mienne, même si la gène infligée aux riverains se prolonge anormalement . J'ai fait un "super client", mais je n'ai pas de réseau à proximité, eh bien, je vais le desservir en "gaz porté" et on verra plus tard !
Concernant Paris, les autorités se rendent compte rapidement que, pour éviter que la jungle ne s'installe en ville, il convient de prendre des mesures immédiates de sauvegarde suivies, assez vite, d'un règlement élaboré couvrant l'ensemble des questions soulevées par cette nouvelle activité.
 
 

 

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