L'ACTIVITÉ GAZIÈRE ET LA CONCURRENCE

5 - Un nouvel acteur entre en scène

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 Il s'agit bien sûr de l'électricité.

 
 Son irruption dans les domaines couverts par le gaz depuis plus d'un demi-siècle apparaît certaine dès la fin des années 1870. En effet, l'essai d'éclairage public électrique par arc (bougies Jablochkoff) effectué avenue de l'Opéra à Paris en 1878 et la réalisation la même année de la première lampe électrique à incandescence par Thomas Edison ne laissent aucun doute à ce sujet.
 
 Cette perspective entraine en fait une double réaction.
 D'abord, celle des professionnels gaziers résolus à opposer une défense acharnée, domaine par domaine, face à l'électricité, qu'il s'agisse d'usages domestiques, professionnels ou d'éclairage public.
 Ensuite, et très vite, l'intérêt des principales sociétés gazières de s'adjoindre une nouvelle activité d'avenir, très différente de celle ayant généré leur évidente prospérité, mais néanmoins étonnement proche d'elle par bien des aspects. Il s'agit là aussi, comme pour le gaz, d'une activité très capitalistique, nécessitant l'occupation du domaine public, donc des concessions, la conclusion d'abonnements de particuliers, de professionnels, mais aussi d'autorités et de services publics.
 
Que chacun creuse donc son sillon pour le plus grand bien de la Société !
 
 Les électriciens avaient tout à imaginer, à décider et à construire. Quel système électrique aurait le plus de chance d'aboutir assez rapidement, mais aussi durablement, à une activité industrielle et de services effective à des coûts raisonnables ? Le courant continu ? L'alternatif monophasé ou diphasé 3 fils ou 5 fils  ou triphasé ?
 Tous les choix furent explorés avant que l'alternatif triphasé ne s'impose comme le meilleur compromis d'ensemble. Il faut savoir qu'à Paris le monophasé 3000 volts a perduré jusqu'aux années 1980 et le diphasé 5 fils jusque dans les années 1960 (réseau dit des «fortifs»).
Il fallait parallèlement susciter la création et la survie d'une industrie de production de matériels électriques, qu'il s'agisse de matériels lourds de production et de réseaux - turbines hydrauliques ou à vapeur, dynamos, alternateurs, transformateurs, câbles - ou de matériels d'installations intérieures. Il fallait surtout se placer solidement et se développer sur le marché de l'énergie, face essentiellement aux gaziers qui n'avaient pas l'intention de rendre facilement les armes.
 Le gros de la bataille dura une cinquantaine d'années avant que le quasi « tout gaz»  ne se transforme en un équilibre plutôt favorable à l'électricité.
 
 Bien plus tard, en fait à partir des années 1960, l'arrivée en grandes quantités du gaz naturel en France et, plus généralement en Europe, a donné une nouvelle modernité à l'industrie gazière et conforté ses domaines de compétitivité.
 
 Nous reviendrons plus en détail, dans un prochain article, sur ce combat de 50 ans gaz/électricité.
 

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